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Le Message Retrouvé est dédicacé aux peuples noirs, 2013

Bibliothèque Saint-Pierre Canisius à Kimwenza (RDC), le 30 avril 2013

Betu abu, Mbote, Bonjour !

Avant de commencer mon exposé, je tiens à vous dire que c’est un grand honneur de me retrouver parmi vous ce matin. La fréquentation de ma grande sœur Clémentine m’a fait comprendre une chose fondamentale : sur ce continent, dans l’esprit des peuples africains, le sacré et le profane restent intimement liés. Cet état d’esprit existait chez nous jadis, mais il s’est perdu en raison de la course au progrès qui meut la plupart des gens sur le vieux continent. La sagesse africaine, dont Clémentine Nzuji s’est fait le chantre, et dont je découvre tous les jours de nouvelles facettes, nourrit mon être et ma vie intérieure.

Pour introduire mon sujet, je voudrais commencer par vous lire un extrait d’un article écrit il y a 60 ans par Emmanuel d’Hooghvorst à propos de l’œuvre de Louis Cattiaux :

 « Comme ces grands fleuves qui se dessèchent en avançant dans le désert, les sources de la vie semblent se tarir au fur et à mesure qu’augmente l’intelligence de l’homme ; nous voulons parler de sa malice, de cette lumière froide comme celle de nos lampes électriques qui éclairent sans chaleur comme des feux morts. Il existe une autre intelligence, la vraie, qui vient à l’homme par ses antennes, non pas celles de la radio ni de la télévision, mais ses antennes naturelles qui lui permettent de communiquer avec la source profonde de la vie cachée en la nature pour la ramener progressivement vers la lumière vivante et nourrissante (Le Message Prophétique de Louis Cattiaux par EH, Inconnues). »

C’est autour de cette lumière vivante et nourrissante que tourne toute l’œuvre de Louis Cattiaux.

Plusieurs raisons me poussent à vous la présenter aujourd’hui :

La première raison, c’est parce qu’elle a marquée ma conscience et qu’elle m’accompagne depuis l’enfance.

Emmanuel d’Hooghvorst, dont je viens de vous parler, était le frère aîné de ma mère. Il fut l’ami le plus proche de Louis Cattiaux et le principal continuateur de son œuvre. Grâce à une grande intuition spirituelle dont il était doté, il a été le premier à découvrir cette perle rare et à en saisir la profondeur. Il l’a fait connaître à sa famille et à ses amis.

Après sa rencontre avec mon oncle, Cattiaux est devenu un grand ami de toute ma famille maternelle qui l’a aidé à financer la première publication de son Message Retrouvé, que tous les prudents éditeurs de Paris avaient refusé.

Il faut dire que Louis Cattiaux a toujours été un artiste solitaire, n’appartenant à aucun courant et n’ayant pas de relations. Son Message Retrouvé est une œuvre mûrie pendant quinze ans dans le silence et l’abandon, comme l’auteur l’écrit lui-même dans un des versets (MR, XXVII, 57 et 57’) :

« Nous ne sommes pas venus dans une famille riche, et nul ne nous a instruit des mystères de Dieu. Il nous a fallu découvrir tout seul les sages et Saintes Ecritures et il nous a fallu les étudier dans la pauvreté et dans l’abandon, afin que nul ne se croie oublié, quel que soit son état ici-bas. » « Nous n’avons pas écrit le Livre dans la paix et dans la sécurité d’une sainte retraite. Nous l’avons écrit de bout en bout au milieu du cloaque en fermentation de la grande ville, afin que nul ne se croie abandonné, quelle que soit sa situation ici-bas. »

Mon père et ma mère l’on bien connu. Il est venu leur rendre visite en Espagne, où ils habitaient au moment de ma naissance. Et quand eux remontaient sur la Belgique pour voir la famille, ils s’arrêtaient chez lui à Paris et passaient la nuit dans son atelier, son appartement étant minuscule. Bref, Louis Cattiaux fait un peu partie de notre histoire familiale. Sa rencontre a influencé notre façon de voir le monde et d’être curieux des choses cachées. Elle a affermi notre foi.

La deuxième raison, c’est que je considère cette œuvre comme primordiale. Primordiale dans le sens premier du dictionnaire, c’est-à-dire qui se rapporte à l’Ancêtre primordial. Dans nos Ecritures c’est la figure d’Adam avant la chute ou du Christ ressuscité. Celui à qui nous ressemblerons tous si nous arrivons à réveiller, avec l’aide de Dieu, la parcelle divine obscurcie qui sommeille en nous. La notion d’une séparation d’avec Dieu (chute, exil, faute) est présente dans toutes les traditions et personne ne peut nier ses conséquences : la souffrance, la maladie, la vieillesse et la mort. Le but de l’existence de l’homme et la raison de son passage sur terre, c’est restaurer l’Unité perdue grâce au réveil de la semence divine gelée en lui. Par quel moyen ? Par le moyen de « quelque chose » qui est hors de l’homme, qui n’est pas en son pouvoir et qu’il ne peut recevoir que par don divin : le don de l’Esprit. C’est le baptême d’eau et d’esprit proposé par le Christ, ou, en d’autres mots, la vraie initiation. « Si nous ne trouvons pas le Dieu qui vit caché au-dedans de nous, nous ne connaîtrons jamais celui qui demeure libre au centre de l’Univers » est-il écrit dans Le Message Retrouvé (MR IV, 94’). Dans la tradition bambara, on dit que l’homme Maa porte en lui une part du nom de Dieu Maa-Ngala, qui l’a créé pour devenir son interlocuteur (Amadou Hampaté Bâ, Aspects de la civilisation africaine, p. 15). Le Dieu extérieur, celui que nous plaçons souvent dans le ciel, doit venir éveiller notre Dieu intérieur et lui rendre la parole, afin de d’en faire son interlocuteur, son porte-parole, ou en d’autres mots, son prophète.

Mais pour approcher la Divinité, il faut un support : les Livres Saints en sont un et leur étude est un moyen de nourrir notre Dieu intérieur et d’attirer le Dieu demeurant libre au centre de l’Univers. C’est aussi un moyen de faire parler l’Esprit qui les a inspirés. « C’est en confrontant les doctrines de tous les livres saint qu’on peut découvrir la vérité de l’Unique. » écrit Louis Cattiaux (MR II, 82). Car les livres saints, dit-il encore, « (…) renferment la clef qui ouvre et qui ferme la source de l’abîme et le sceau qui couvre le germe du Seigneur des mondes (MR II, 54).

Ce n’est pas le seul moyen d’approcher Dieu nous dit Le Message Retrouvé :

« La nature enseigne celui qui la regarde en face et qui l’explore jusqu’à son fondement secret. » (MR I, 62)

« La nature enseigne le secret des êtres et des choses ; peu d’hommes savent comprendre ce qu’ils voient. » (MR IV, 91).

Ici, nous rejoignons la sagesse des religions africaines dont nous parle Sources et ressources, le dernier livre de Clémentine Faïk-Nzuji. Elle explique comment les grands initiés lisent le langage des signes que la nature leur offre et que cet alphabet divin « traduit les différents facettes de Dieu et indique ce que sa nature ne peut laisser dire en un seul concept ». Car l’Etre Suprême, bien que « présent dans toutes les créatures, est de nature insaisissable pour les humains ». Il est donc inconnaissable dans sa totalité, mais il peut être appréhendé dans ses manifestations.

Il y a le même enseignement dans Le Message Retrouvé :

« L’Absolu est inconnaissable dans sa totalité, mais il peut être approché dans ses parties qui sont comme des images du tout. » (MR XIV, 23’)

 Qui était en fait Louis Cattiaux ? me demanderez-vous.

Poète et artiste français, il est né à Valenciennes en 1904. Il s’est dédié à la peinture, mais cela ne suffisait pas à l’expression de ce qu’il vivait. Parallèlement à son art pictural qui illustre son chemin intérieur, il a consacré les meilleures années de sa vie à écrire Le Message Retrouvé. Comme il le dit lui-même, c’est au milieu de l’indifférence générale, de la guerre, dans la pauvreté et l’abandon, déchiré entre sa quête et les soucis de son existence journalière, qu’il a accompli cette œuvre magistrale au rythme des inspirations qu’il recevait. Il l’a qualifiée lui-même de « Maître livre de mon Maître spirituel » et de « Monument unique qui exercera longtemps la sagacité des hommes ». Ayant « reçu » du Seigneur Le Message Retrouvé, Louis Cattiaux avait d’abord envisagé de le faire publier sans nom d’auteur, car il ne s’attribuait que le titre de « secrétaire maladroit du Seigneur ».

Il se qualifiait lui-même de « fainéant de Dieu ». Un titre enviable, si l’on en croit ce qu’il écrit dans le Message Retrouvé :

« Celui qui rejoint le Seigneur de vie ici-bas est comme un fainéant que tous les travailleurs du monde ne sauraient égaler avec tous leurs travaux. » « Quel travailleur celui qui n’a de répit ni jour ni nuit dans la quête de la vie impérissable ! Quel fainéant celui qui repose dans l’unité vivante de l’Unique ! » (MR XXV, 1 et 1’)

Il a écrit aussi des poèmes, dont un illustre parfaitement son état d’esprit face au monde qui le jugeait parfois comme un bon à rien : « Vous avez perdu votre vie, disaient-ils en regardant mes mains vides ; et personne n’entendait le dieu qui chantait dans mon cœur. » (Œuvre poétique). Sa peinture foisonnante de symboles est d’ailleurs restée ignorée jusqu’à aujourd’hui.

Plusieurs fois, Louis Cattiaux avait annoncé à ses amis la fin de son ouvrage, mais la source de son inspiration ne s’épuisait pas. L’Esprit ne le lâchait pas et les versets s’ajoutaient aux versets, sans que l’on pût en prévoir la fin. C’est enfin au chapitre quarante que se termina le Livre. Quarante est symboliquement le chiffre de l’accomplissement. Ayant accompli ce que le Seigneur lui demandait de faire, Louis Cattiaux pouvait partir rejoindre la vraie Lumière, celle dont il ne cesse de parler dans son livre. Il a quitté ce monde le 16 juillet 1953, à l’âge de quarante-neuf ans, en laissant son livre dans les mains de mon oncle Emmanuel d’Hooghvorst et de son frère Charles, afin qu’ils le fassent connaître dans le monde.

Comment son œuvre a-t-elle perduré jusqu’à aujourd’hui ? Grâce aux noyaux familiaux de ses amis. De famille en famille, d’ami à ami, son maître Livre s’est répandu dans plusieurs pays : la Belgique, l’Espagne, le Brésil, l’Italie… Comme nul n’est prophète dans son pays, dit bien le dicton, la France, sa patrie, l’a boudé longtemps. Heureusement, cela bouge un peu maintenant (une nouvelle édition du Message Retrouvée en français est en cours aux éditions Dervy. Le livre a déjà été traduit et publié en plusieurs langues : espagnol, italien, portugais, catalan, anglais, allemand).

En effet, peu de temps avant de quitter ce monde, Louis Cattiaux avait recommandé à ses amis de se réunir régulièrement dans une maison, en famille ou entre amis, autour d’un repas ou d’un verre de vin, et de « tirer au hasard » dans les Livres Saints : dans la Bible, le Coran, mais aussi Le Message Retrouvé que le Seigneur lui avait soufflé à l’oreille. Il fallait juste vider son mental en écoutant un morceau du musique (il avait proposé un choral de Bach « Jésus que ma joie demeure »), puis ouvrir le Livre avec un coupe papier, afin de laisser l’Esprit qui l’a inspiré et qui l’habite parler à travers lui.

« Quand nous nous réunirons pour lire ce Livre, celui qui l’a inspiré sera aussi certainement au milieu de nous. » (XXXIV, 46′).

Utilisé de cette manière, Le Message Retrouvé devient un support merveilleux de méditation et une invitation adressée au Seigneur de venir assister à nos réunions saintes. Il est aussi un moyen de réunir une famille autour de la Parole vivante, cette Parole qui vient des quatre horizons, mais qui a besoin d’un lieu où se faire entendre. Le livre extérieur vient ainsi réveiller notre livre intérieur, celui qui nous instruira en définitive.

Avant d’aborder en profondeur Le Message Retrouvé, le lecteur doit savoir que ce livre ne parle pas à l’intelligence raisonnable, mais plutôt à l’intuition. Il s’adresse à l’homme spirituel qui est en recherche. Ce qu’il dénonce doit être pris d’abord pour soi avant d’être appliqué au monde extérieur : les méchants et les orgueilleux dont il est question dans certains versets font avant tout référence à l’orgueil et à la méchanceté qui habite en chacun de nous. Ce livre doit être abordé avec une âme d’enfant, en laissant de côté tous nos préjugés acquis par le biais de notre éducation.

« Le Livre parle à l’intuition, à l’amour et à la mémoire profonde, et non pas à l’intelligence, à la volonté et à la raison superficielle des hommes. Ce que dit le livre est grand, mais ce qu’il induit en chacun de nous est incommensurable. » (XIX, 3’)

« Le sage véritable est comme un petit enfant qui suit la nature divine et qui se fait obéir des éléments sans en être autrement étonné. » (XVIII, 30)

Louis Cattiaux nous rappelle que le culte des ancêtres n’est pas à négliger. C’est quelque chose que les sociétés occidentales citadines ont oubliée, au point qu’elles ne veillent même plus leurs morts et qu’elles parquent leurs aînés dans des mouroirs.

« Souvenons-nous que le culte des saints ancêtres complète le culte de Dieu, qui est le Vivant d’éternité. Adorons le soleil de vie et ne méprisons pas les cendres des ancêtres. » (MR, XIV 9’)

« Mon Nom est comme un point d’or dans le tabernacle des ancêtres. Qui le fera briller sur la terre ? dit le Seigneur. Et qui le fera resplendir dans le ciel ? demande l’Unique. » (XII, 49

Bien que profondément chrétien et considérant le Christ comme un grand frère dont il faut suivre la trace au-delà de la mort, jusque dans la résurrection, Louis Cattiaux estimait que le tronc de la Tradition primordiale est unique : il se pare seulement de différents feuillages selon les lieux, les climats et les époques.

« Les saintes Ecritures sont au complet depuis leur commencement, et chaque nouveau livre révélé ne fait que les confirmer sans rien ajouter et sans rien retrancher au mystère de l’esprit incarné qui fait leur fondement sacré. » (XX, 2)

« Le langage peut changer, l’esprit du Livre ne vieillira pas, car il enseigne le commencement et la fin de la création apparente et cachée.» (XI, 71)

En cela, il rejoint l’enseignement du soufi Tierno Bokar, le Sage de Bandiagara, qui disait la même chose : « Dans son essence, la Foi est une, qu’elle que soit la religion qui l’exprime ». Amadou Hampaté Bâ explicite sa pensée en disant qu’il n’existe « qu’une Religion, éternelle, immuable dans ses principes fondateurs, mais pouvant varier dans ses formes d’expression pour correspondre aux conditions du temps et du lieu de chaque révélation. » (Amadou Hampaté Bâ, Vie et enseignement de Tierno Bokar, éd. du Seuil, pp. 153 et 155).

Les mythologies antiques ne sont que l’expression de cette Religion éternelle, tout comme les mythes fondateurs de l’Afrique traditionnelle. Ils sont tous issus de l’ « Un primordial, l’énergie ardente du début des temps ». Dans toutes les traditions, écrit Clémentine, il y a « des personnes qui atteignent dans l’initiation un degré tellement élevé qu’elles deviennent, pour leurs semblables, de véritables médiateurs humains du sacré » (Clémentine Faïk-Nzuji, Sources et ressources, Panorama des cultures fondamentales de la République Démocratique du Congo, Centre international des langues et traditions d’Afrique, 2013). Notre sœur Clémentine les appelle « les grands initiés ». Par le lien qu’ils entretiennent avec l’Esprit Universel qui nourrit les mondes, la Parole créatrice revient, d’âge en âge, pour « revivifier » un groupe d’humain, une culture. A mon sens, Le Message Retrouvé s’inscrit dans cette perspective. Louis Cattiaux n’est qu’un « passeur ». Il transmet une sagesse hérité des Ancêtres de la tradition :

« Les livres saints inspirés sont les guides de l’humanité, et forment l’héritage le plus précieux des ancêtres. » (VI, 22)

Comment être sûr que Louis Cattiaux n’est pas un affabulateur ? Je pense qu’il ne peut être jugé qu’au poids de ses paroles et à ce qu’elles induisent en chacun de nous. Contrairement à d’autres prétendus prophètes de notre temps, il n’a nullement essayé de créer une nouvelle religion, ni de soutirer de l’argent comme font certains faux pasteurs. A mots couverts, car la vérité ne peut être dévoilée devant les profanes, il nous laisse le témoignage de son expérience personnelle du divin et nous rappelle qu’il est toujours possible de parler avec son Seigneur, sans intermédiaires, dans la solitude de l’amour pour Lui.

J’en arrive à la troisième raison de ma présentation d’aujourd’hui… On sait qu’avant d’écrire son Message Retrouvé, alors qu’il était encore assez jeune, Louis Cattiaux a voyagé en Afrique. Il aurait ainsi été initié au Benin, où il séjourna quelque temps. Plus tard, en cours de rédaction, il eut la révélation que ce Livre précieux était dédié aux peuples africains. Il écrit :

« La dédicace du Livre aux Noirs est éclatante et nul ne peut en douter, pas même les Blancs qui le reçoivent en premier. » (XXIX, 24)

« Ô toi le meilleurs de peuples qui sais aimer et te réjouir sans hypocrisie, le Seigneur t’envoie ce qu’il a de meilleur, car il t’aime et se réjouit en toi sans contrainte. Délaisseras-tu son trésor comme les autres peuples fous ? » (XXIX, 23’)

« Le Livre de la lumière est offert aux Noirs dans un temps obscur… » (XXVI, 34)

« C’est la liberté noire qui éclairera le monde et c’est le peuple noir qui manifestera à nouveau la lumière de Dieu dans le monde, car l’âge noir couve la clarté céleste. » (XXVII, 19)

Voici la troisième raison de ma présence parmi vous : c’est cette dédicace. Elle a étonné l’auteur lui-même. En ce qui me concerne, elle a été à l’origine de mon attirance pour l’Afrique, plutôt que pour l’Asie ou l’Amérique. Elle a nourri l’écriture de mon deuxième roman, Le Souffle des Ancêtres (Catherine d’Oultremont, Le Souffle des Ancêtres, éditions le Cri, Bruxelles, 2008), publié il y a cinq ans. Mais cela est une autre affaire dont je parlerai lorsque la parole me sera donnée pour aborder ce roman…

Emmanuel d’Hooghvorst, dans son article de présentation dont je vous ai lu un extrait, écrit que Le Message Retrouvée de Louis Cattiaux a été écrit pour « ceux qui osent croire l’incroyable ». Il est aussi pour ceux qui se penchent sur eux-mêmes pour sonder les mystères de leur âme, en sachant que pour cela, il ne faut pas s’endormir sur le coussin de la satisfaction de soi, ni sur le matelas de la bonne conscience : il faut rester éveillé dans la nuit du monde. Sortir parfois des chemins battus. Veiller comme les Vierges sages de l’Evangile qui attendent l’Epoux une lampe à la main. Le Message Retrouvé est un vade-mecum pour ceux qui se sentent exilés dans le monde ; c’est une boussole et un compagnon de route pour le pèlerin.

Aujourd’hui, bien plus encore qu’il y a soixante ans, la civilisation occidentale est devenue sourde et aveugle, ayant coupé ses antennes réceptrices naturelles au profit d’autres antennes artificielles qui dénaturent nos campagnes. En Afrique, malheureusement, cette dégénérescence a aussi gangréné les villes. Mais je pense qu’il y a quand même un plus grand nombre de personnes qui sont encore en lien avec le monde invisible et qui « communiquent avec la source de la vie caché dans la nature profonde ». L’Afrique n’a pas encore totalement coupé le fil qui la relie aux ancêtres et aux esprits. Il y a sur ce continent beaucoup de croyants qui attendent un mot de leur Seigneur pour être rassurés dans leur vie ici-bas, une vie pas toujours facile. Si Dieu le veut, ces croyants sincères recevront ce livre qui leur est dédié et le feront connaître à leurs frères… Soixante ans après la disparition de Louis Cattiaux, il était temps de faire connaître son Message Retrouvé sur ce continent selon son vœux, et de le faire en toute humilité, en laissant à ceux à qui il est dédié la liberté et le discernement de juger de ce qu’il contient…

Je pense que j’ai assez parlé, mais avant de me taire, je tiens à exprimer ma reconnaissance à ma grande sœur Clémentine, qui a aimé Le Message Retrouvé et qui a partagé notre enthousiasme lors de petites réunions impromptues en Belgique, où elle nous a apporté l’éclairage de sa tradition. Je la remercie de m’avoir offert l’opportunité de venir au Congo pour cet évènement.

Je remercie aussi le Père Mpay pour son invitation et le félicite pour son sens de l’organisation. Que toute la congrégation de la Compagnie de Jésus de la Province d’Afrique Centrale et la Faculté de Philosophie Saint-Pierre Canisius, ainsi que les Sœurs de Notre-Dame de Namur qui nous accueillent, reçoivent ici mes vifs remerciements.

Tous ceux qui ont permis cette rencontre, chacun leur manière, ont contribué à ce que j’accomplisse ma part dans la mission que Louis Cattiaux à confié à ma famille : celle de faire connaître son œuvre.

Je souhaite bon vent au Message Retrouvé en terre africaine… Il y a deux signes qui me font dire qu’il y fera bien son chemin : le premier est que ce chemin commence au Congo, un pays qui représente géographiquement le cœur de l’Afrique centrale, et plus particulièrement à Kimwenza, qui veut dire en chiluba  « la colline des consacrés »; le deuxième est la date choisie pour cette rencontre, le 30 avril, jour de l’anniversaire mon oncle Emmanuel d’Hooghvorst, lequel aurait eu 99 ans aujourd’hui ! Cela est pour moi de bon augure, puisqu’il a œuvré toute sa vie à faire connaître ce livre ! Ne continuera-t-il pas de là où il est maintenant, assis parmi nos ancêtres ?

 

Je vous remercie pour votre attention.

 

Catherine d’Oultremont
Kimwenza, le 30 avril 2013