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« Le Message Retrouvé » par Louis de Gonzague Frick, 15 juin 1956

in l’Écho de Savoie

Louis Cattiaux, d’abord peintre, puis écrivain, décédé en juillet 1953, avait composé un assez gros ouvrage, le perdit, puis le retrouva (l’on ne sait comment) et lui conféra définitivement le titre précité. Une première édition parut du vivant de l’auteur (fragmentaire) et voici qu’aujourd’hui la Maison Denoël le publie dans son entier avec un présentation saillante de MM. Emmanuel et Charles d’Hooghvorst.

Ce livre, qui appartient à la plus pure mystique, contient une préface de Lanza del Vasto qui est aussi l’un de nos plus notables écrivains mystiques. Non seulement il s’était contenté de faire paraître des volumes, mais avait formé une espèce d’école où il donna des séries de conférences. Les disciples ne furent pas très nombreux. Mais cela ne retire rien à l’importance du mouvement qu’il avait surtout projeté.

Quant à Louis Cattiaux, il avait ouvert une galerie de tableaux entouré de quelques amis qui se rapportaient à son école. Il y a peu d’écrivains qui se soient plus intéressés que Louis Cattiaux aux questions d’exégèse religieuse et son ouvrage (grand format) contient environ 400 pages.

Il est composé sous forme de versets et c’est évidemment ainsi qu’il convenait de le mettre sous les yeux du lecteur. Louis Cattiaux a étudié l’herméneutique avec un zèle peu commun, pénétré autant qu’on peut l’être de la recherche de Dieu, du mystère dont il tente de soulever le voile comme quelques siècles avant l’on soulevait celui de la déesse Myrionyme.

Ajouterons-nous qu’il fut l’un des chercheurs de la zénie ou pierre philosophale.

La curiosité de cet esprit anagogique était intense et il s’est ingénié à la recherche de problèmes, négligée par la plupart des hommes qui préfèrent lire les romans médiocres de Mlle Françoise Sagan sur le front de laquelle le génie n’est pas encore descendu (ô colombe paraclétique) ou entendre Mme Edith Piaf, dont les chansons ne sauraient être classées parmi les sept merveilles du monde. Du moment que les brebis tribales viennent l’ouïr, cela ne doit-il pas suffire dans une époque où l’on ne demande guère à chacun.

Citez-moi quelqu’un qui ne deviendrait célèbre si quelque clan s’empare de lui er le lance comme un petit bateau sur les ondes enfantines des Tuileries ou du Palais-Royal, domaine que M. Jean Cocteau  a rendu extraordinaire par ce qu’il y accomplit à tant d’égards. Et M. Jean Cocteau réussit dès qu’il met la main quelque part, étant un artiste de rareté exceptionnelle. Que les amateurs de livres ayant un caractère sacré se procurent sans tarder « Le Message Retrouvé » ; ils parferont leur éducation dans le royaume divin ; ils auront même l’impression d’y accéder par le miracle de Louis Cattiaux qui connaît son public en les grands lieux où l’on pense, où l’on devient une personne de haute civilisation, ce qui nous semble indiqué dans une époque aussi barbare que la nôtre.

Les frères d’Hooghvorst en la présentation succinte engagent les moralistes  – plus ou moins achevés– à pénétrer dans ce livre qui aura au moins le mérite d’instruire « les incomplets » et d’établir agréablement les uns dans la nature spinosienne et les autres ailleurs puisque les philosophes continuent la discussion commencée il y a deux mille ans. Nous croyons en avoir assez dit pour que ce livre trouve à Lyon, en Savoie, la clientèle respectable qu’il mérite.

Echo de savoie - Louis de Gonzague Frick
Echo de savoie - Louis de Gonzague Frick