in Les Nouvelles Littéraires
« Le Message Retrouvé » de Louis Cattiaux est un livre singulier à ranger sur le même rayon.
J’ai souvent, dans ces colonnes, parlé de Cattiaux, qui a d’ailleurs collaboré à plusieurs reprises à « L’Echo d’Oran » avec des articles sur la situation de l’artiste dans la société moderne, sur la physique et la métaphysique de la peinture, etc…
Emporté, il y aura bientôt trois ans par une étrange et fulgurante maladie, Louis Cattiaux, peintre, poète, occultiste, était un homme curieux, tout à fait déplacé dans notre temps qu’il regardait avec une sorte de pitié amusée. Opposant la sagesse à la science, la méditation au travail, le secret à la vulgarisation, la simplicité d’esprit à la spéculation, il ne concevait de vérité que chiffrée, de progrès intérieur, de révélation qu’universelle et permanente. Une première version de son Message Retrouvé avait paru de son vivant ; il l’avait considérablement augmentée de nouvelles réflexions, de nouvelles sentences, si bien que cette édition posthume peut être considérée comme la somme de toute une vie consacrée à une ascèse et à une synthèse de caractère initiatique.
Le Message Retrouvé est divisé en quarante livres, dont chacun, disposé sur deux colonnes, contient une double suite de versets qui, d’une colonne à l’autre, se reflètent, se répondent se complètent, ceux de gauche étant l’expression, à l’intention de l’homme « charnel », d’une pensée que ceux de droite réservent à l’homme « spirituel », seul capable de l’entendre dans une rédaction symbolique, voire hermétique. Il est pour le moins étrange que les combinaisons anagrammatiques de deux simples mots : « Une vérité » aient suffi à fournir les titres de quarante séries de versets « charnels » qui constituent la moitié « gauche » de l’ouvrage.
Sur l’esprit même du Message Retrouvé, dont chaque phrase a la force d’inscription d’une pensée d’Héraclite ou d’un vers de Nerval, Lanza del Vasto, préfacier de ce livre à la fois difficile et lumineux, a écrit quelques belles pages prudentes et enflammées tout ensemble dont voici la conclusion : « Je ne sais et je ne peux pas dire si la substance des anciens textes se cache dans ces pages. Mais comment se fait-il qu’on en retrouve le parfum ? Dans quel œuf et dans quel alambic, Cattiaux, mon ami, as-tu distillé cette essence subtile qui s’appelle le Parfum ? D’où vient cette poésie qui a nom Parfum de Vérité ? »
