Qui était Louis Cattiaux ? Et de quoi parle le Message Retrouvé ?

LOUIS CATTIAUX, LE MÉCONNU (1990) par Charles d’Hooghvorst

LOUIS CATTIAUX


Louis Cattiaux, poète, peintre et mire, n’était certes pas un homme ordinaire. Voici trente-sept ans qu’il a disparu, mais, pour ceux qui l’ont bien connu, il restera toujours un personnage inoubliable.

Déconcertant, aux réactions imprévisibles, guidées par une logique particulière qui prenait ses visiteurs au dépourvu, il aimait choquer et même scandaliser, mais toujours avec humour.

C’était l’homme sans complexes, parfaitement libre dans le monde, vivant intensément le présent, comme un enfant joyeux et sans malice.

Souvent charlatan et pitre, il se refusait à prendre le monde au sérieux, pas plus que lui-même ; jamais magistral, s’il enseignait, c’était à la manière du Fou du Roi qui possède l’Art de dire à ceux qui veulent entendre, tout en faisant rire les autres, sans qu’ils puissent s’offenser.

Nous nous nommerons incapables, inutiles et stupides quand nous reposerons dans la contemplation de l’Unique ; ou bien nous nous nommerons charlatans, bateleurs et pitres quand nous enseignerons sa sainte loi dans le monde.

Il ne nous appartient pas de nous prendre au sérieux ni d’exiger que les autres nous y prennent. Cela revient à Dieu, qui seul voit clairement le dedans des créatures.

(MR, XX, 66 et 66’)

Nous avons pris l’habit de charlatan, car le mépris désintéressé du monde est moins dur à supporter que son admiration intéressée.

Le Livre est comme l’arche qui porte et qui transmet le secret de l’Unique. Beaucoup le porteront, mais peu le pénétreront.

(MR, XXIII, 61 et 61’)

Vous avez perdu votre vie, disaient-ils en regardant mes mains vides ; et personne n’entendait le dieu qui chantait dans mon cœur (Louis Cattiaux).

Certainement, ce Cattiaux-là, le véridique, n’était pas accessible au premier abord ; on ne pouvait l’approcher qu’à travers Le Message Retrouvé, l’œuvre qu’il a mis les quinze dernières années de sa vie à écrire, ou plutôt l’œuvre de toute sa vie.

Il travailla six ans pour écrire les douze premiers chapitres, édités en 1946 ; les versets y sont comme concentrés à l’extrême, chaque mot y est pesé avec soin, comme une quintessence distillée patiemment goutte à goutte, purifiée à la perfection. L’artiste s’est exercé longuement à maîtriser son art, qu’il possède alors parfaitement, car à partir de cette époque, les versets semblent venir à un rythme toujours plus rapide.

Trois ans après, en 1949, il écrivait déjà :

Il a fallu dix ans pour écrire le Livre ; qui donc refuserait de le lire pendant le même temps avant de poser des questions inutiles ? (MR, XVIII, 45 )

Il écrit jour après jour, verset par verset, comme guidé, possédé par un dieu secret, n’écoutant que lui, sans distraction dans le tumulte de la grande ville. Les versets surgissaient à n’importe quel moment de la journée, transcrits immédiatement sur le premier bout de papier qui lui tombait sous la main. C’était comme le choc des multiples événements de la vie quotidienne avec quelque mystérieuse réalité secrète, qu’il était seul à contempler. Rien ici de spéculatif, ni d’abstrait, mais réellement une expérience incarnée. (Il suffisait de savoir l’écouter.)

Maintenant l’homme a disparu, mais il nous reste son Message. Y a-t-il vraiment ici un Message Retrouvé, ou plus exactement LE Message Retrouvé ?

Nombreux sont ceux qui l’ont feuilleté distraitement ; certainement ceux-là ignoraient-ils qu’il existe un Message oublié, et aussi une Parole perdue.

Quelques-uns cependant, attirés par un certain Parfum de Vérité, ont pris le temps nécessaire pour le lire et le méditer. Ceux-là peuvent affirmer que Le Message a réellement été retrouvé.

Certes, il n’est pas nouveau et c’est ce qui fait paradoxalement son originalité ; cela semble d’ailleurs ne pas avoir échappé à René Guénon.

Il n’est pas nouveau, disons-nous, en ce sens qu’il est authentique, procédant toujours de l’Origine et donc identique à travers la grande chaîne des Maîtres du Savoir.

Si vous doutez de ce que nous affirmons ici, prenez donc la peine de l’examiner, ce Message renouvelé, si vous en avez la patience, et, laissant là vos préjugés, vous vous apercevrez que dans un langage actuel, s’exprime ici l’éternel Message prophétique des Sages de l’humanité.

Suivons donc la trace de leurs pas dans la Connaissance de l’Égypte ancienne et dans celle des Pères du Taoïsme, dans la Sagesse de la Cabale hébraïque, dans les Mystères de la Grèce antique, dans la Gnose de l’Hermétisme chrétien et dans celle de l’Islam, dans les Arcanes du Grand Œuvre des Philosophes…

Il y a ici plus qu’une morale et plus qu’une ascèse, plus qu’une philosophie et plus qu’une mystique. Il y a la clef de la restitution de l’homme et du monde en Dieu. (MR, IX, 36’)

L’Esprit d’Élie ne s’invente pas.

Certes, les écrits des Sages sont nécessaires et nous devons les lire et les méditer en croyant à leur témoignage. Mais qu’est la Tradition écrite sans l’actualisation de la Tradition orale, qui seule peut nous en rendre le SENS ? Sans cette dernière, nous pouvons en parler et en écrire plus ou moins savamment, mais nos spéculations intelligentes se heurtent toujours à la surface des mots, car nous ne savons pas de Quoi il s’agit en vérité.

Ce livre n’est pas pour tous, mais seulement pour ceux à qui il est donné de CROIRE LINCROYABLE. (MR, dédicace )

Ce n’est pas l’ouvrage qui compte ni l’ouvrier, mais la chose dont parlent l’ouvrage et l’ouvrier. (MR, XXIII, 58’)

Si vous avez trouvé l’unité de l’Unique, déchirez les pages du Livre et laissez-les s’envoler dans le vent en fredonnant une joyeuse chanson.

Sinon ne les quittez ni le jour ni la nuit jusqu’à ce qu’elles pénètrent votre entendement, et jusqu’à ce qu’elles vous mènent à la boue qui ne mouille et qui ne salit rien.

(MR, XXIII, 57 et 57’)

Quel dommage pour nous, hommes de cette fin de XXe siècle, si ce Message, à nouveau redit, n’était pas entendu !

Quelle malchance pour tous les absents, pour tous les endormis, pour tous les distraits, pour tous les insensibles, pour tous les raisonnables, pour tous les pourvus, pour tous les médiocres !

Allons-nous manquer d’huile pour nos lampes, comme les vierges folles ?

 

LE MESSAGE RETROUVÉ PRÉSENTÉ PAR LOUIS CATTIAUX

 

Le chemin de la délivrance est partout visible dans ce monde.
Ô pluie fécondante! (MR, IV, 67’)

Le Message Retrouvé se présente sous forme de sentences ou versets disposés sur deux colonnes et divisés en quarante livres ou chapitres.

Chacun de ces livres est précédé de deux épigraphes et suivi de deux hypographes tirées des Écritures saintes de toutes les nations.

Nous parlons un nouveau langage, mais nous redisons l’unique révélation ancienne, car nul n’invente rien dans l’ART de Dieu. (MR, XXXIII, 42)

Les saintes Écritures sont au complet depuis leur commencement, et chaque nouveau livre révélé ne fait que les confirmer sans rien ajouter et sans rien retrancher au mystère de l’esprit incarné qui fait leur fondement sacré. (MR, XX, 2 )

Ne nous disputons au sujet d’aucune religion ni d’aucune doctrine. Étudions assidûment toutes les Écritures saintes […]. (MR, XVI, 44’)

Aucune parole d’Écriture sainte ne contredit en fait la parole d’une autre Écriture sainte. Ainsi Dieu apparaît multiple en personnes, mais il est cependant unique en acte et en repos, comme étant l’Être par excellence, c’est-à-dire le Premier et le Dernier en tout.

Il nous faut donc connaître toutes les Écritures saintes et les étudier jusqu’à ce que nous ayons découvert l’identité première et dernière de la parole inspirée. « Penser à Dieu et méditer sur sa création, c’est prier et louer Dieu. »

(MRXV,  50  et  50’)

Voici, affirmée sans équivoque, l’universalité d’une unique et identique révélation depuis le commencement, à travers tous les Livres saints. Le fanatisme ne peut naître ici, ni le sectarisme y trouver sa place, puisque :

Ceux qui aiment l’ancienne révélation, aimeront aussi la nouvelle.

Ceux qui entendent la nouvelle révélation, entendront aussi l’ancienne.

(MR, XXXX, 15 et 15’)

1. LES DEUX PRIÈRES TRIANGULAIRES

C’est l’ouverture du livre par où tout doit commencer. C’est l’entrée obligée.

La grâce descendante et l’amour remontant. (Cf. MR, XXXIII, 17’)

Sans eux, il n’y a pas d’intelligence des livres saints.

La sainte Mère est légère comme l’air et changeante comme l’eau. Le Père sacré est pesant comme la terre et immuable comme le feu. L’union des quatre engendre le triple Fils, qui manifeste la création prodigieuse de l’Unique. (MR, VIII, 38 )

Ce courant descendant et ascendant est comme l’Échelle ou la chaîne d’or qui réunit le ciel et la terre. Lorsque le triangle du Feu et celui de l’Eau s’unissent, ils forment l’Étoile à six branches. Celui à qui, comme à Jacob, il est donné de la contempler, celui-là n’a plus besoin de livres ni d’instructeur, car la Parousie, qui veut dire Présence, l’habite, et c’est Elle qui le guide et l’instruit.

Nous signalons comme incomplets tous les commentaires des paroles inscrites dans le Livre, car les reflets de la chose ne sont pas la chose elle-même. (MR, XXIV, 46’)

De fait, ce livre n’a pas besoin de commentaires, car quiconque prendra le temps de le méditer, s’apercevra peu à peu que les versets s’expliquent et s’éclairent les uns par les autres. Nos explications sont forcément incomplètes et imparfaites, car seul pourra commenter valablement l’ouvrage, celui qui a vécu la même expérience possessive que son auteur.

Il ne s’agit pas ici de mots ni de spéculations intelligentes, mais plutôt d’intelligence du cœur et en définitive de « connaissance », dans son sens étymologique de « naître avec » (du latin : con-nascor ).

Chacun refait sa petite expérience d’aveugle et chacun propose son petit système d’agonisant, sans s’apercevoir de l’immensité de la création de Dieu et sans soupçonner la présence de la doctrine unitive des maîtres.

Ne nous cassons pas la tête sur le Livre, cassons-nous y plutôt le cœur, afin que notre âme précieuse germe et fructifie devant Dieu dans le secret du commencement et de la fin de toute chose.

(MR, XVII, 53 et 53’)

2. LES DEUX COLONNES

La composition du Livre sur deux colonnes déconcerte. Comment faut-il le lire ? Ces deux colonnes symboliques ne peuvent être séparées, il faut donc le lire horizontalement, c’est-à-dire verset 1, verset 1’, verset 2, verset 2’, etc.

Et pourquoi donc ne doit-on pas séparer la gauche de la droite ? Cela voudrait dire maintenir le ciel séparé de la terre. Cet enseignement est ancien comme la Tradition elle-même. Souvenons-nous des deux colonnes du Temple et de celles de l’Arbre séphirotique.

Nous cherchons les deux colonnes du Temple et nous les avons sous nos yeux et sous nos mains, mais nos cœurs sont obscurcis par le péché de la chute et la vérité de Dieu s’est retirée dans le puits de l’abîme. (MR, XXI, 19 )

Au dire de l’auteur, la colonne de gauche représente le sens terrestre et celle de droite le sens céleste. L’une est donc terrestre et nous l’avons sous nos mains, l’autre est céleste et nous l’avons sous nos yeux. Mais voilà, la terre s’est séparée du ciel, par l’effet de la chute originelle et l’homme est séparé de Dieu ; ses sens sont devenus grossiers et la vérité adamique s’est retirée dans un puits sans fond. C’est le puits de Jacob ou le puits de la Samaritaine, bouché par une lourde pierre que seul le serviteur de Dieu est capable d’ôter. Alors, la colonne du ciel se joint à nouveau à celle de la terre formant une colonne unique représentée par le verset du milieu.

Ceux qui ignorent le serviteur de Dieu, ceux qui l’oublient et ceux qui le renient, sont retranchés du conseil de Dieu et de son salut.

Ceux-là tombent dans l’abîme, car ils coupent stupidement le lien qui les relie au ciel d’éternité.

(MR, XXXVII, 13 et 13’)

3. LA CHUTE, L’EXIL ET LA RÉDEMPTION

Le monde actuel n’est ni réel, ni irréel, ni bon, ni mauvais. Il est formé par une portion de la lumière divine fractionnée à l’infini dans les ténèbres du non-être. Voilà la chute de Lucifer et l’exil d’Adam. Le retour à Dieu est comme la séparation d’avec les ténèbres et comme la réunion avec la lumière primordiale. Voilà la rédemption d’Adam (MR, IX, 5 à 8 )

La connaissance du bien et du mal provoqua la chute du premier dieu créé. Emprisonné dans la mort, il ne peut être délivré que par sa partie demeurée pure et libre en Dieu. (MR, IV, 6 et 7 )

Le mélange général a été produit par l’arrêt infime de la contemplation de Dieu par l’homme qui voulut connaître le Rien et le Tout, en mangeant le fruit mélangé de mort. Ainsi naquit l’Être moyen par la chute d’une parcelle de l’Être lumineux dans le non-être ténébreux. La séparation et la réunion s’accompliront par le rassemblement des parties vivantes et par le rejet de la portion morte. L’accomplissement et le perfectionnement s’opéreront par la concentration de la lumière et par le mariage ultime du ciel et de la terre. (MR, IV, 25 à 27 )

La lumière première fut tirée du chaos par Dieu et quintessenciée en Adam. Celui-ci ne fit que remélanger cette lumière sublime avec les ténèbres extérieures du non-être ; par curiosité, présomption, vanité et désobéissance. Le nouvel Adam, vrai fils de Dieu qui est venu, qui vient et qui viendra, sépare à nouveau la lumière des ténèbres par humilité, amour et obéissance à la loi de l’Unique.

La première révolte exila l’homme sur la terre étrangère. La seconde le porte à s’y organiser confortablement. La troisième le fait renoncer à ce monde et le ramène vers Dieu. (MR, XII, 33 à 35 )

Tels sont la chute, l’exil et la rédemption.

4. LA SCIENCE DES HOMMES

L’exil de l’homme résulte donc du mélange de la pure substance lumineuse avec la crasse ténébreuse extérieure, et toute la nature, c’est-à-dire les trois règnes, fut infectée avec lui. C’est pourquoi les sciences humaines, qui par nature portent sur ce mélange, restent toujours imparfaites.

La vie et la mort sont inextricablement mêlées dans le monde déchu, et nos sciences profanes sont impuissantes à les séparer et à exalter la vie pure jusqu’au repos de Dieu. (MR, XXXVI, 79 )

La science des hommes organise la fosse de la mort, mais la science de Dieu nous en délivre pour toujours. (MR, XX, 11’)

Tous les savants du monde jugent stupidement de l’œuvre de Dieu, parce qu’ils considèrent seulement l’ouvrage et pas l’ouvrier. (MR, II, 26)

Leur science est née des interprétations sinistres de l’enseignement des anciens sages. (MR, II, 33 )

Sinistre signifie « gauche » ; ce sont les interprétations qui procèdent de la colonne de gauche séparée de celle de droite, c’est-àdire une compréhension de l’enseignement des anciens sages limitée au sens charnel ou vulgaire.

5. LA SCIENCE DE DIEU

Qui croit encore à l’existence d’une Science divine ? Et pourtant elle seule est capable de porter remède au mal qui nous habite en ce bas monde.

Ni les croyants ni les athées ne soupçonnent la science de Dieu, cachée derrière les symboles, les écrits et les figures des religions révélées. Ceux qui y croient essaient de se l’approprier par la ruse et par la violence. Quelques-uns la demandent à Dieu dans leur cœur et un ou deux à peine l’obtiennent dans le siècle. (MR, XXIV, 33 )

Notre plate raison nous dérobe l’évidence de la science divine. (MR, V, 50)

Il faut toujours laver pour séparer l’amande de la crasse qui l’entoure, et c’est un grand secret que la nature met journellement en évidence devant tous. Seulement, il faut l’inspiration de Dieu pour comprendre l’évidence de la science divine. (MR, XVI, 62’)

La science de Dieu perfectionne les êtres et les choses et mène à la liberté dans la vie odorante. (MR, XXIII, 65’)

L’ignorant brime la vie et construit dans la mort.
Le sage sépare la mort et perfectionne la vie.

Il vaut mieux tenter de sortir de notre prison plutôt que d’essayer de l’aménager et de nous y installer.

(MRX,  2  et  2’)

La vraie possession, c’est la science de Dieu éprouvée dans le secret du cœur. 
La possession illusoire, c’est la science des hommes pratiquée dans le monde.

L’ignorant parle de supprimer le mal, le sage se contente de le séparer et de le rejeter, afin de glorifier le bien sans entrave.

(MR, VIII, 18 et 18’)

Étudions les triples mystères anciens.
Révérons les doctrines et les fables sacrées.
Cherchons le bien qui subsiste dans le mal.
Méditons les ouvrages des prophètes et ceux des saints philosophes.
Comprenons qu’i l n’y a qu’un seul Dieu, une seule science et une seule création partout et toujours.

Toute humidité sera chassée de la terre, et le feu consumera la crasse immonde jusqu’à ce que le sel virginal paraisse, auquel sera rendue l’eau céleste pour former le nouveau monde de Dieu.
« Qui nous fera entendre cette parole du commencement et de la fin des temps ? Qui nous montrera le germe dénudé de la création parfaite du Seigneur ? »

(MRII,  83  et  83’)

Qui donc, sinon le mystérieux serviteur de Dieu, le Maître de la Parole, qui renoue le lien qui unit le ciel et la terre ?

Les deux colonnes du livre vont nous présenter ces triples mystères anciens de deux manières différentes :

La femme désagrège l’homme jusqu’à l’eau de l’air.
L’homme consolide la femme jusqu’au feu de la terre.
De ces deux jaillit l’infini de la création parfaite qui manifeste la gloire de l’Unique sur la terre des vivants.

La liquéfaction et la végétation de la terre sont le premier mystère.
La solidification et l’animation de l’eau forment le second mystère.
L’alliance de la première eau avec la seconde terre constitue le troisième mystère.

(MR, III, 82 et 82’)

Connaître les trois fondations héréditaires de l’homme, c’est posséder la science.
L’âme qui vient de Dieu, l’esprit qui vient des astres, le corps qui vient de la terre.

Celui qui délivre l’homme enseveli, reçoit tout du Père, par le moyen de la Mère et du Fils manifestés clairement.
« Nous ne prêchons ni le vent, ni la fumée, ni la cendre ; nous prêchons la vie sauve en âme, en esprit et en corps ressuscités. »

(MRII,  88  et  88’)

Pensez-vous faire quelque chose de bon sans le soleil, sans la lune, sans les étoiles, sans l’air, sans l’eau et sans la terre ? Alors vous ignorez l’agriculture qui est la science de Dieu. (MR, XXIII, 48 )

Le salut de Dieu est la science la plus expérimentale qui soit, car c’est la science du Dieu qui a créé le monde et les univers qui l’entourent, et celui-là ne délire pas abstraitement dans le vide !

Nous redisons la révélation énorme parce qu’incroyable : Dieu envoie son essence très sainte qui s’incarne dans la très pure substance du monde pour le salut de toute la création déchue.
Comprenne qui pourra. Expérimente qui voudra.

Considérons NOËL. Pénétrons NOËL. Imitons NOËL. Adorons NOËL. Chantons NOËL.

(MR, XXXVII, 53 à 53’’)

Toute la création de Dieu peut participer au salut de Dieu par l’entremise des fils de Dieu. Ainsi les animaux, les végétaux et les minéraux mêmes, peuvent être restitués dans la gloire et dans l’immortalité de l’Unique ; nul ne doit l’ignorer ni l’oublier. (MR, XXXVII, 55)

6. LA FOI

Les incroyants n’entendent pas le Seigneur parce qu’ils ne parlent pas les premiers à Dieu. Comment leur ouvrirons-nous le cœur et la bouche si le Seigneur ne nous aide en personne ? Car l’orgueil est une cuirasse impénétrable sous laquelle la vie agonise, et nul autre que Dieu ne peut la briser du dehors ou la fondre du dedans. (MR, XXI, 22)

Le croyant retourne à sa source comme le grain enfoui va vers la lumière, et ceci est un grand exemple de l’amour céleste et de la foi terrestre. (MR, IX, 21’)

« Ne jamais désespérer de Dieu et de soi », telle est la loi du salut. Nous devons donc persévérer, faire confiance au Seigneur et agir selon sa loi, car c’est l’acte de foi du semeur et l’acte d’amour du ciel et de la terre qui nous sauvent de la mort. Mais combien pénétreront ce mystère, et combien l’accompliront avant l’heure du jugement ? (MR, XIV, 3)

La foi aveugle obtient de Dieu ce que la raison n’ose pas concevoir. (MR, X, 5’)

La foi est comme la certitude de Dieu en nous-mêmes, et la connaissance est comme la preuve de sa présence intime. (MR, VIII, 30)

Notre foi ne tient pas dans une idée abstraite, ni dans un idéal insaisissable, ni dans le grand nombre des fidèles, ni dans les œuvres humaines, ni dans les biens de ce monde, ni dans les honneurs religieux ou profanes, ni dans les sciences des hommes, ni dans les pouvoirs des ascètes.

Notre foi tient dans la certitude de la nature divine incarnée dans la chair du monde.
Notre  foi  se  nourrit  de l’espérance de retrouver cette nature divine enfouie dans le péché de mort.
Notre foi s’anime de l’effusion de l’Esprit Saint qui féconde la nature divine et nous refait ainsi enfants de Dieu, à l’image de Dieu même.

(MR, XXXVIII, 19 et 19’)

Il y a trois solutions possibles pour les hommes ici-bas : Compter uniquement sur soi, comme font les ignorants égarés dans la nuit du monde. Compter sur soi et sur Dieu, comme font les croyants qui ont entendu parler de la lumière du commencement.
Compter sur Dieu seulement, comme font les sages et les saints qui connaissent ou qui approchent l’origine et la fin de toute chose. (MR, XII, 72’à 77’)

Il y a donc deux sortes de foi : la foi des croyants et celle qui émane du don de Dieu. La première, indispensable pour donner entrée à la seconde, naît du souvenir de la splendeur perdue par nos premiers parents ; c’est elle qui pousse le croyant à entreprendre le pèlerinage, c’est-à-dire la quête. La seconde est théologale, ce qui veut dire donnée par Dieu au terme du pèlerinage (pour l’islam ce don s’appelle houdja : c’est la « preuve irréfutable » donnée par Allah). C’est aussi la foi d’Abraham : la certitude de la Nature divine incarnée dans la chair du monde. Celle-là n’a plus qu’à attendre la germination ; comme le charbonnier, il suffit de maintenir constant le feu de la cuisson. À l’image de la foi du semeur qui ne compte que sur l’action du ciel et de la terre, elle est aveugle au commencement, mais elle sait qu’à travers la vitre de l’athanor, elle verra la lumière paraître comme un point dans les ténèbres et grandir jusqu’au jour de Dieu.

7. LA QUÊTE

Pas de quête de Dieu sans foi en Dieu. La quête, c’est tout ensemble l’action de chercher et le fait de demander. Pensons-y.

L’une ne peut aller sans l’autre, car le corps a besoin de l’esprit pour être illuminé et l’esprit a besoin du corps pour s’incarner.

L’inspiration sans l’action est impuissante, et l’action sans l’inspiration est aveugle. Les deux réunies font la perfection de l’œuvre humaine.

L’art sans la nature est impuissant, et la nature sans l’art est aveugle.
Les deux réunis font la perfection de l’œuvre divine.

(MR, XXXVII, 41 et 41’)

Qui est Dieu ? Qui sommes-nous ?
Voilà la quête, voilà la sagesse et voilà le repos.
Dieu est tout, l’homme est moyen, l’ombre n’est rien.
« C’est bien la mort qui pue, et c’est bien la vie qui exhale ce parfum inoubliable. » (MR, VI, 36 et 37)

En se retirant de ce qui est vain, on parvient rapidement à la solitude et à la liberté nécessaires à la quête de Dieu. (MR, V, 70’)

Prions donc premièrement afin que Dieu aplanisse les sentiers de notre quête et afin qu’il nous décharge des soucis étrangers, en rendant notre foi plus forte que l’évidence de notre raison aveugle. (MR, XXIV, 38’)

La parole de Dieu humilie d’abord notre raison, ensuite elle communique secrètement sa lumière à l’âme avant d’illuminer l’esprit, si nous sommes attentifs et persévérants dans notre quête sainte. (MR, XVIII, 67’)

Certains poursuivent en secret la quête de Dieu au-delà des symboles et des figures, car ils ont soif de la réalité qui se voit, qui se touche et qui se mange. Qui pourrait les reprendre et qui oserait les exclure de l’Église universelle du Seigneur très savant ? (MR, XXI, 55)

8. LA BONNE VOLONTÉ EN DIEU

Tout ce qui est ennuyeux et compliqué n’est pas de Dieu. Mais la bonne volonté utilise au mieux tout ce qui se présente sans discuter et sans juger témérairement la vie qui est encore voilée.  (MR, X, 9’)

[…] La bonne volonté en Dieu utilise au mieux tout ce qui se présente, mais ne désire rien. Elle est comme l’attention très soutenue au milieu de la quiétude la plus parfaite. (MR, XIII, 46’)

C’est la bonne volonté en Dieu qui nous sauve de la mort, et c’est la bonne volonté en nous-mêmes qui nous y précipite. En effet, si toutes les deux sont aveugles, la première cependant est guidée et elle devient réceptrice et organisatrice, tandis que la seconde est errante et devient anarchique et destructrice. (MR, XV, 8’)

La bonne volonté en Dieu ne violente rien, pas même soi. La bonne volonté en soi violente tout, même Dieu.
« Qui dénude l’amande et qui fait germer la semence ? N’est-ce pas l’esprit du Seigneur tout-puissant ? » (MR, XVIII, 43’)

Les musulmans sont les soumis à la volonté d’Allah, c’est pourquoi l’imam Ali, gendre de Mahomet, parcourait les tribus en proclamant : Devenez musulmans et vous serez en paix, ce qui veut dire : Soumettez-vous (à la volonté d’Allah) et vous serez en paix. 

La bonne volonté en Dieu nous délivre des contraintes du monde, car elle nous permet d’entendre l’enseignement du Seigneur et elle suscite l’action de sa Providence cachée. (MR, XIX, 30’)

[…] Les justes et les connaisseurs sont auprès de Dieu, mais les charitables et les simples le sont aussi, et par-dessus tout, ceux qui ont la bonne volonté en Dieu. (MR, XIX, 38’)

9. LA PRIÈRE

La prière vécue une minute vaut mieux que la leçon morte ruminée pendant toute une vie. (MR, V, 26)

La prière et la louange qui montent vers Dieu retombent sur nous en bénédictions multipliées, comme les bonnes pensées que nous envoyons aux vivants et aux disparus, nous reviennent en dons inattendus. (MR, XIX, 36’)

La prière est comme un entretien secret entre le Dieu créé et le Dieu incréé, c’est-à-dire comme le lien d’amour qui unit le fini à l’infini et qui permet à la totalité de se connaître en Un. (MR, IX, 52)

Il y a une prière importante et urgente que nous devons répéter tous les jours de notre vie exilée :
« Délivre-nous, Père tout-puissant, de la crasse immonde qui nous submerge de toutes parts, afin que nous resplendissions à nouveau dans ta pureté, et féconde-nous de ton saint amour afin que nous soyons fixés en toi pour l’éternité. AMEN ». (MR, XX, 73’’)

La fin est comme le commencement, mais le milieu nous illumine.
« La Prière, l’Étoile, la Pierre. » (MR, I, 2’)

La  fin  est  comme  le  commencement,  car  « Pierre »  est l’anagramme de « Prière ». Quant à l’Étoile du milieu, voir les deux prières triangulaires.

10. LES LIVRES SAINTS ET SAGES

Les livres saints inspirés sont les guides de l’humanité et forment l’héritage le plus précieux des ancêtres. (MR, VI, 22)

C’est en confrontant les doctrines de tous les livres saints qu’on peut découvrir la vérité de l’Unique. (MR, II, 82)

Les livres saints et sages sont bien nécessaires pour connaître le Seigneur, mais une bêche et un arrosoir ne sont pas inutiles pour approcher la sainte Mère. (MR, XVIII, 23)

Il faut le dire et le répéter : la révélation la plus authentique, la plus précise et la plus accomplie du mystère de vie et du salut de Dieu, se trouve dans les livres connus des prophètes de Dieu et dans les livres inconnus des sages de Dieu. Notre religion n’est-elle pas un symbole vivant du mystère caché dans tous les temps ? Ne le voyons-nous plus ? Ne l’entendons-nous plus ? (MR, XXXVII, 48)

Citons quelques-uns de ces sages de Dieu dont les livres sont inconnus : Morien, Géber, R. Lulle, N. Valois, N. Flamel, le Cosmopolite, B. Valentin, H. Khunrath, le président d’Espagnet, Philalèthe et tant d’autres, dont beaucoup n’ont pas jugé bon de signer leurs ouvrages.

[…] Les livres saints nous parlent de la sagesse du dedans connue au-dedans.
Les livres sages nous parlent de la sagesse du dedans éprouvée au-dehors. (MR, XXII, 61)

Ce sont donc les livres saints qui donnent l’intelligence du langage des livres sages ; ils doivent être étudiés conjointement. Les sages philosophes hermétiques se sont souvent mutuellement traités d’« envieux » ; ce terme, dit Dom A.-J. Pernety dans son Dictionnaire mytho-hermétique, doit s’entendre dans le sens où l’on dit : « un homme est jaloux de son secret, il le tient caché… », car toutes leurs recettes sont communément ce qu’on appelle de la graine pour les sots… Il faut d’ailleurs savoir qu’ils n’ont presque jamais tout dit de suite et que le plus grand nombre n’a parlé que de la seconde opération.

Qui sera capable de ne pas s’égarer dans cet inextricable labyrinthe ?

Ceux-ci accumulent les livres rares et poursuivent les connaissances cachées, mais ils renient Dieu et les saintes Écritures, qui pourraient seuls leur donner l’intelligence des textes voilés et la clef des trésors ensevelis. (MR, XVII, 13)

11. LA MORT

L’extrême humiliation de la mort est l’entrée obligatoire à la splendeur de la vie céleste, car la séparation terrestre est le commencement du ciel manifesté. (MR, II, 76’)

La mortification du corps doit préparer la purification de l’esprit et la régénération de l’âme.

Celui qui se détourne du mystère de la mort, ne connaîtra jamais la puissance et la gloire de Dieu.

(MR, VIII, 5 et 5’)

La corruption met toute pureté en évidence. (MR, III, 15’)

J’ai cherché la vérité jusque dans la corruption du monde et j’ai séparé la vie de la mort. (MR, IX, 2’)

Le crâne poli d’un mort nous reflète la vérité mieux que n’importe quel miroir magique. (MR, IX, 12)

Mystérieux miroir des cabalistes !

Nous avons mis l’accent sur la mort qui tient le monde dans ses griffes aveugles, mais nous avons aussi mis le doigt sur la vie qui se renouvelle constamment à travers elle.

Nous avons rappelé la serrure terrestre et la clef céleste qui ouvrent la porte du séjour de la vie bienheureuse où les enfants de Dieu se réjouissent pour l’éternité de la joie de l’unique Splendeur.

Ainsi avons-nous délibérément perdu notre vie dans ce monde mélangé, afin de la sauver dans le royaume de Dieu.

(MR, XXXVII, 26 à 26’’)

Parlant des philosophes profanes, un cabaliste espagnol du XIIIe siècle disait :

Vous devez savoir que ces philosophes, dont vous louez la sagesse, finissent là où nous commençons.

12. LA BÉNÉDICTION

Bénir, c’est bien dire, comme maudire, c’est mal dire. Précisément par sa génération dans ce bas monde, l’homme a été mal dit. Pour être régénéré il doit être bien dit. La Parole est générative et créatrice. L’homme doit être recréé.

C’est la parole essentielle et substantielle transmise par le maître qui nous fait héritiers du Très-Haut, à la condition que nous la recevions saintement avec gratitude et non pas profanement avec malice. (MR, XXIV, 13)

Nous ne nous sauverons, ni par le travail de nos mains, ni par le travail de notre volonté, ni par celui de notre intelligence.

C’est la bénédiction de Dieu et c’est l’opération de son saint amour dans nos cœurs purifiés qui accompliront l’œuvre de délivrance et de résurrection.

(MR, XXXVI, 78 et 78’)

Sans cette bénédiction, l’homme ne peut se libérer des chaînes du mal qui l’habite. Pas de régénération sans la transmission du don de Dieu.

C’est la bénédiction de Dieu qui envoie l’eau de vie, et c’est son amour qui incarne le feu saint. (MR, IV, 37’)

Cette bénédiction c’est l’eau de vie, et la grâce, et la lumière.

Celui qui a trouvé la lumière du Seigneur peut abandonner le Livre ; Dieu l’établira dans la paix de son amour, de la même façon qu’il l’a introduit dans la grâce par sa bénédiction. (MR, XX, 55)

Sans la bénédiction de Dieu, nous sommes tout à fait impuissants pour manifester ici-bas la vie du Seigneur de résurrection. – La lumière de Dieu fécondera premièrement nos ténèbres intérieures ; ensuite nos ténèbres manifesteront la lumière de Dieu. (MR, XXXVII, 54 et 54′)

Cette  parole  est  fécondante  comme  Gabriel,  qui  signifie « homme (dans le sens viril) de Dieu ».

[…] « Celui qui dit un mot à son Seigneur a gagné sa journée, mais celui qui entend un mot de son Seigneur a gagné sa vie. » (MR, IV, 14’)

La chose vient du dedans au dehors, mais elle vient aussi du dehors au dedans, et elle demeure en ellemême pour l’éternité.

Les choses disent le mot, mais le mot n’est pas dit par les choses.
Les mots disent la chose, mais la chose n’est pas dite par les mots.

(MR, XXXVIII, 59 et 59’)

Curieuse identification entre mot et chose. L’auteur ignorait l’hébreu, qui précisément utilise le mot dabar pour signifier à la fois : « mot », « parole » et « chose ».

Le centre de l’Univers repose dans le cœur de l’homme, mais pour le délivrer, il faut premièrement que l’esprit libre vienne au secours de l’esprit prisonnier des ténèbres. (MR, IV, 36’)

Ce dernier dit à son frère : Aide-moi à dissoudre et je t’aiderai à coaguler.

Le don de Dieu demeure solitaire dans notre cœur et dans nos mains, car ce peuple est devenu imbécile à force de croire à sa propre intelligence, et il se repaît des œuvres de mort, et il repousse l’œuvre de vie qui lui est gratuitement offerte. (MR, XXXVIII, 60)

[…] Chante-nous le NOM qui force les portes de la mort. […] (MR, XIII, 16)

13. LA GRÂCE ET L’AMOUR

C’est l’eau de la grâce qui fait fondre le cœur mortifié et qui sépare en nous la vie pure de la crasse de la mort.
C’est le feu de l’amour qui féconde le cœur épuré et qui le multiplie dans la gloire de Dieu. (MR, XXII, 58)

Dieu est comme un feu fixe et sec, caché dans un feu mouvant et humide.
Celui qui le découvre possède la maîtrise de la vie. (MR, IV, 48)

La grâce est comme l’eau qui délivre, et l’amour est comme le feu qui unit.
Dieu est comme l’eau qui rassemble les univers, et comme le feu qui les mûrit. (MR, X, 58’et 59’)

C’est la bénédiction de Dieu qui envoie l’eau de vie, et c’est son amour qui incarne le feu saint. (MR, IV, 37’)

C’est la grâce qui sauve ce qu’il y a de bon en nous.
C’est l’amour qui le perfectionne, mais c’est la connaissance qui accomplit l’union mystérieuse et dernière. (MR, VII, 10’)

Pas de repos sans connaissance. Pas de connaissance sans amour. Pas d’amour sans la grâce. Pas de grâce sans abandon. (MR, XII, 32)

L’amour, qui est la nourriture de l’âme, n’a pas besoin d’être digéré comme la grâce et comme le manger, qui sont les nourritures de l’esprit et du corps, car il est déjà comme le feu divin : accompli et parfait. (MR, XIV, 34’)

L’amour pénètre, l’amour anime, l’amour exalte, l’amour multiplie, l’amour unifie dans la splendeur.

C’est par la pureté de la grâce  que  nous  aimantons l’amour divin et que nous incarnons Dieu en nous.

(MR, XVIII, 66 et 66’)

14. LE SAINT ET LE SAGE

La vie du sage sort de la mort du saint comme la vie du papillon sort de la mort de la chenille qui devient chrysalide et ensuite, miracle de résurrection.

Nos vies ressortiront semblablement du chaos de la lyse ténébreuse où se renouvelle le divin mystère de la création de Dieu. Que ceux qui savent réfléchir se penchent sur ce miroir obscur !

(MR, XXV, 27 et 27’)

Voici encore ce fameux miroir des saints et sages Philosophes, à propos duquel l’un deux a dit : Ils verront la Nature comme dans un miroir dont la réflexion leur manifestera la sagesse infinie du Créateur qui la dirige et la conduit dans toutes ses opérations par une simple et unique voie qui fait tout le mystère du Grand Œuvre.

Louis Cattiaux, quant à lui, disait que d’Espagnet parlait bien du miroir qui est le vêtement de l’essence divine, dans lequel se reflètent toutes choses passées, présentes et à venir ; le miroir des philosophes n’est pas un miroir qui reflète comme celui du monde, mais un miroir qui laisse voir au travers comme les cieux qui s’ouvrent.

Saint Paul parle aussi en cabaliste ; il nous donne même une précision, dont les cabalistes hébreux ont d’ailleurs souvent fait état : ce miroir s’éclaire progressivement :

Et nous tous qui, le visage découvert, réfléchissons comme dans un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en cette même image, de plus en plus resplendissante, comme il convient à l’action du Seigneur qui est Esprit (2 Corinthiens 3, 18).

Le saint se désincarne de la mort du monde. Le sage se réincarne  dans  la  vie  de  Dieu.

Quel est l’ignorant qui les oppose ? Quel est le connaisseur qui les unit ?

(MR, XXV, 18 et 18’)

L’humilité précède.

La sainteté prépare.

Les ténèbres couvent.

La mort sépare.

L’exil nous instruit.

Le triomphe suit.

La sagesse accomplit.

La lumière jaillit.

La résurrection réunit.

Le retour nous fixe.

(MR, XXV, 20 à 24’)

Le saint lie l’âme et l’esprit en Dieu et il surmonte la seconde mort.

Le sage lie l’âme, l’esprit et le corps en Dieu et il surmonte la première et la seconde mort.

(MR, XXIII, 77 et 77’)

Il y a deux voies de retour en Dieu : soit la dissolution dans la vie universelle et libre, soit la coagulation en elle.

La première voie est enseignée par beaucoup et réalisée par quelques-uns. La seconde voie est enseignée par quelquesuns et réalisée par bien peu.

Celui qui les sépare est ignorant. Celui qui les unit est sage.

(MR, XXVI, 13 à 13’’)

La lumière de vie n’est-elle pas issue de l’union du ciel et de la terre ? Et les deux voies de Dieu ne se trouvent-elles pas miraculeusement unies en elle seule ?

Les profanes les ignorent toutes deux, les demi-instruits les séparent et les opposent ; seuls, les sages les assemblent et les unissent dans l’unité de Dieu.

(MR, XXXI, 41 et 41’)

Fais-je pas bien en contemplant la face de mon Seigneur ?
Fais-je  pas  bien  en m’exposant à l’amour de l’unique Splendeur ?

Donne-moi, Seigneur, le corps impérissable et pur qui peut seul soutenir sans dommage ton regard amoureux et pénétrer jusqu’au repos de ta sainte profondeur.

(MR, XXVIII, 15 et 15’)

Deux étapes donc dans l’œuvre de régénération : la bénédiction qui ouvre, sépare et purifie : la vision mariale. Ensuite, l’union qui féconde, cuit et fixe : l’union christique. La Fleur et le Fruit.

[…] Et nul ne pourra rejoindre le Seigneur sans avoir été lavé par sa bénédiction et sans avoir été réanimé par son Esprit Saint […]. (MR, XIV, 3’)

15. LA RÉALISATION SPIRITUELLE ET LA RÉALISATION CORPORELLE

Quelques-uns atteignent icibas l’illumination spirituelle du Seigneur de vie, et nous les nommons bienheureux. 

Les plus intelligents et les plus avancés dans l’étude et dans la connaissance des mystères de Dieu ne pénètrent que la réalisation spirituelle.

Quelques-uns parmi ceux-là obtiennent la connaissance de la science divine, et i ls dépassent la réalisation spirituelle pour pénétrer la réalisation substantielle.

Mais où sont ceux qui parviennent à la connaissance corporelle de l’unique Splendeur ? Et comment les nommerons-nous ?

C’est le retour à l’état libre, mouvant et inconditionné en Dieu. Ce sont les délivrés de Dieu.

C’est l’accès à l’état libre, fixe et manifesté en Dieu. Ce sont les ressuscités de Dieu.

(MR, XXXII, 42 à 44’)

Les écoles religieuses et les écoles initiatiques ne doivent pas limiter leur enseignement à la recherche spirituelle ; elles doivent conserver l’échelon ultime qui est la quête substantielle oubliée de tous. (MR, XXXII, 45’)

Les plus instruits parmi les étudiants des saintes et sages Écritures interprètent les mystères divins comme les symboles de la rénovation spirituelle de l’homme égaré dans ce monde.

Combien parmi ceux-là comprennent que ces saints mystères décrivent aussi la régénération corporelle de l’homme crucifié ici-bas ?

(MR, XXXVI, 13 et 13’)

Les plus savants et les plus intelligents prennent les Écritures révélées pour des traités d’histoire et de morale.

Les plus saints et les plus inspirés prennent ces mêmes Écritures révélées pour des traités d’ascèse et de mystique.

Où sont les sages illuminés de Dieu qui savent y reconnaître aussi la science cachée de l’unique Splendeur qui sauve de la mort ?

(MR, XXXVI, 20 à 20’’)

16. LA PURETÉ

La connaissance de l’arbre est moins importante que celle du fruit, et celle-ci est moins utile que la connaissance du noyau. Enfin c’est l’amande qu’il nous faut connaître dans sa pureté et c’est le germe qu’il nous faut manifester dans sa perfection. (MR, II, 57’) Nous cesserons nos ablutions quand nous reluirons de pureté et c’est alors que le soleil de Dieu nous fécondera pleinement, car c’est un cœur virginal et léger que nous offrirons au Seigneur, et c’est un cœur ensemencé et dense qu’il nous donnera en échange. (MR, XX, 7’) Le centre du centre est comme le feu au milieu de la grande eau. Celle qui nous délivre de toute obscurité. Celui qui perfectionne toute pureté. (MR, III, 48’et 49’) C’est la pureté de la substance de la Mère qui nous permettra d’incarner la splendeur de l’essence du Père et de devenir ainsi vrais fils de Dieu pour l’éternité. (MR, XX, 1’)

Qui présentera au Très-Haut un miroir d’amour et de pureté, afin qu’il habite à nouveau parmi nous dans la splendeur première et dernière ?

Notre vierge a conçu sous les regards du Très-Haut et elle nous a donné un fils qui a vaincu la mort et qui perfectionnera tous ses frères estropiés.

(MR, XVIII, 68 et 68’)

Dégageons notre reine virginale, et elle nous donnera un fils qui sauvera le genre humain et qui le restituera dans sa splendeur première.   I.N.R.I. (MR, XX, 44’)

17. LA LUMIÈRE

Quoi de plus méprisé que le vêtement de Dieu ?
Quoi de plus méconnu que la lumière du soleil ? (MR, II, 11’)

Celui qui sème et qui récolte la lumière du soleil, possède la plus haute vertu et le plus grand trésor du monde total. (MR, III, 40’)

La lumière du soleil, de la lune et des étoiles féconde perpétuellement l’eau du ciel qui porte la semence jusque dans les profondeurs de la terre d’où surgit la vie des êtres et des choses. (MR, IV, 19’)

Quoi de plus léger que la lumière du soleil ?
Cependant c’est elle qui donne le poids à toutes les choses du monde. (MR, X, 3’)

Lumière palpable. Poids de la lumière. (MR, Litanies de la mère et du fils, 17 et 3’)

Permettras-tu pas à un de tes fils délivrés de manifester ta sainte lumière de vie qui éclaire les esprits et qui sauve les âmes et les corps ? […] (MR, XXXII, 34’)

La lumière de Dieu fécondera premièrement nos ténèbres intérieures ; ensuite nos ténèbres manifesteront la lumière de Dieu. (MR, XXXVII, 54’)

18. L’OR

L’or qui sommeille dans la boue est aussi pur que celui qui brille dans le soleil. (MR, II, 21’)

L’amour de l’or le fait rechercher jusque dans l’ordure, mais peu d’hommes sont capables de le saisir dans le ciel et de le fixer dans la terre. (MR, II, 24’)

C’est l’or céleste qu’il nous faut, car la maladie de la mort n’épuise pas nos désirs. (MR, VI, 9’)

19. LA NATURE

La nature est profondément enfouie dans la terre, et hautement placée dans le ciel ; mais il existe un lieu particulier où elle est plus cachée et plus évidente que partout ailleurs.

Il y a ici une grande perdition pour les malins, mais aussi une grande récompense pour les cœurs simples et détachés. (MR, VIII, 47’et 48’)

Notre vie est éternellement grosse de Dieu.
Qui le fera paraître avant le terme de la mort et de la résurrection du grand monde ?
« La nature délivrera la nature, et l’enfant mystérieux naîtra de l’unique Mère. » (MR, IV, 96’)

La nature céleste réunie à la nature terrestre forme donc l’unique mère capable d’enfanter l’enfant mystérieux.
La nature cachée sera délivrée, épurée et magnifiée jusqu’à son origine divine, pour devenir l’épouse du Seigneur magnifique. (MR, VII, 57’)

Notre foi tient dans la certitude de la nature divine incarnée dans la chair du monde.
Notre foi se nourrit de l’espérance de retrouver cette nature divine enfouie dans le péché de mort.
Notre foi s’anime de l’effusion de l’Esprit Saint qui féconde la nature divine et nous refait ainsi enfants de Dieu, à l’image de Dieu même. (MR, XXXVIII, 19’)

Le plus grand parmi les hommes, c’est celui qui peut accorder l’enseignement de la nature avec celui des livres saints pour ne faire qu’une seule chose. (MR, III, 101)

Dieu nous a donné le Livre de la nature, mais nous ne l’avons pas lu !
Il a accompli devant nous le mystère de l’incarnation et celui de la résurrection, mais nous ne les avons pas vus !

Il nous a envoyé le Seigneur pour nous l’épeler, mais nous ne l’avons pas entendu !
S’il nous imprime sa voie blanc sur noir, la remarquerons-nous, l’étudieronsnous et la suivrons-nous ? Ou bien dira-t-on que nous ne l’avons pas reçue non plus ?

(MR, XXIX, 50 à 51’)

Dans son Traité des trois principes, le sage philosophe Cosmopolite, disciple d’Hermès, s’exprime sans équivoque à propos de cette sainte Nature :

Je dis donc que la Nature est une, vraie, simple, entière en son être, et que Dieu l’a faite devant tous les siècles et lui a enclos un certain esprit universel. Il faut savoir néanmoins que le terme de la Nature est Dieu, comme il en est le principe, car toute chose finit toujours en ce en quoi elle a pris son être et son commencement. J’ai dit qu’elle est unique et que c’est par elle que Dieu a fait tout ce qu’il a fait […]. Toutes choses proviennent de cette seule et unique Nature, et il n’y a rien en tout le monde hors la Nature. (Le Cosmopolite ou Nouvelle Lumière chymique, Bibliotheca hermetica, Retz, Paris, 1976, p. 44).

Et Nicolas Valois, dans ses Cinq Livres, ajoute :

Car par celle Nature tu seras illuminé, pourvu que tu sois en grâce (N. Valois, Les Cinq Livres ou La Clef du secret des secrets, La Table d’émeraude, Paris, 1992, p. 160).

Saint Isidore de Séville, dans ses Étymologies, donne la même définition : « La Nature doit son nom au fait qu’elle fait naître les choses ». C’est pourquoi elle est ce qui a capacité d’engendrer et de donner la vie. Certains ont affirmé que la Nature est Dieu, par qui tout a été créé et existe. Comme disait Giordano Bruno : Natura est deus in rebus.

20. LA MÈRE

La mère universelle existant par Dieu qui la modèle à son gré. La fécondante du ciel.
La fécondée de Dieu. La féconde de la terre.
« La vérité est une malédiction pour ceux qui l’approchent et qui ne la reçoivent pas. » (MR, II, 71’)

La vie éternelle, c’est la sortie de soi-même et la rentrée en Dieu.
« La Mère lumineuse est la substance de tout ce qui vit. Le Père brillant est l’essence de tout ce qui se meut. » (MR, VIII, 63)

C’est dans la foi et dans la patience que la Mère est trouvée, et elle agit aussitôt. C’est elle qui délivre et qui guérit. L’eau du ciel fait germer la terre, mais tous demeurent sourds et aveugles devant le miracle de Dieu, car ils se croient plus intelligents et plus savants que le créateur des mondes innombrables. (MR, XIII, 7’)

Nous vous adorons, Eau, mère des eaux, car le feu vivant est dans votre centre, et vous êtes excellente sur toutes les autres lumières. Le soleil est votre production magnifique. Sainte Mère du feu, secourez-nous à présent et à l’heure du passage difficile. Qu’il soit fait ainsi ! (MR, X, 60’)

[…] « Le sage médite sur la lumière du monde jusqu’à ce qu’il l’ait trouvée. Ensuite, il médite sur son contenu jusqu’à ce qu’il l’ait manifesté. » (MR, X, 60)

21. LE NOM DE DIEU

Le saint Nom de Dieu est une réalité vivante et palpable qui peut tout. C’est un mystère que bien peu ont connu ou connaîtront. (MR, XVIII, 65’)

Le Père-Dieu, c’est le NOM de Dieu inexprimé dans le secret de l’Eau-Dieu.
L’Eau-Dieu, c’est le NOM de Dieu qui descend et qui monte en soi-même.
L’Esprit-Dieu, c’est le NOM de Dieu qui se meut en tous sens sur l’Eau-Dieu.
Le Corps-Dieu, c’est le NOM de Dieu qui se manifeste et qui se fixe dans l’Eau-Dieu.

Dieu est caché dans son NOM.

Et son NOM est la vie.

Et son NOM est vivant.

Et son NOM se nourrit de la vie.

Ainsi Dieu est celui qui EST, par ce qu’il EST, dans ce qu’il EST, pour ce qu’il EST.

(MR, XXX, 22 à 25’’)

Selon que le NOM de Dieu monte ou selon qu’il descend, c’est une bénédiction ou une malédiction ; car il a un endroit et il possède un envers. Ainsi le même NOM peut produire la vie ou il peut faire paraître la mort selon la façon dont il se présente à nous, et aussi selon la façon dont nous nous présentons à lui. (MR, XXVII, 46’)

Celui qui lira jusqu’au bout le Livre des contraires et qui saura les unir dans le NOM unique, double, quadruple et octuple, paraîtra sage aux sages, saint aux saints et fou aux fous.
Ainsi beaucoup ont discouru magnifiquement sur Dieu, sur ses attributs et sur sa création, mais combien ont entrevu le bout de sa robe et combien ont baisé la trace de ses pas ? Mais combien donc alors ont contemplé la splendeur de son corps, et combien, ô stupeur, ont goûté les délices de son cœur ? (MR, XIII, 38’)

22. LA CONNAISSANCE

La connaissance spéculative est au savoir possédant comme une jambe de bois est à un membre sain. (MR, VIII, 35’)

Tout repose dans notre cœur, dans notre esprit et dans nos mains. Peu le croient, quelques-uns le pressentent, un seul l’expérimente. (MR, VIII, 36’)

Toute connaissance qui n’est pas expérimentée est nulle, parce que sans effet. (MR, IX, 10)

Les yeux de l’esprit perçoivent aisément l’évidence de l’éternité, et les mains de la connaissance la manifestent sans effort. (MR, IX, 4’)

Il n’y a qu’une connaissance, qu’une union et qu’un repos véritables, qui sont dans la fixité accomplie du feu céleste. (MR, IX, 59’)

C’est l’abandon, la grâce et l’amour qui délivrent des prisons de la mort et qui nous font accéder aux demeures du ciel ; mais c’est la connaissance possessive qui nous fixe dans le centre secret. (MR, XII, 37’)

La connaissance vraie implique la possession, l’absorption et la transmutation. (MR, XI, 58)

Les fils de Dieu délivrent de la misère, de la maladie, de la vieillesse, du doute et de la mort. C’est la marque qui ne trompe pas. (MR, IX, 10’)

Peu d’hommes ont été favorisés ici-bas par la connaissance possessive, car peu de saints parmi les meilleurs sont capables d’acquérir la puissance divine sans dommage pour eux-mêmes et pour les autres.

Être possédé de Dieu, c’est être saint.
Posséder Dieu, c’est être sage.
Mais pénétrer Dieu, c’est être insensé, et c’est devenir comme Dieu qui est le sens premier et dernier.

(MRXI,  69  et  69’)

C’est la grâce qui sauve ce qu’il y a de bon en nous. C’est l’amour qui le perfectionne, mais c’est la connaissance qui accomplit l’union mystérieuse et dernière. (MR, VII, 10’)

23. LES DEUX NOURRITURES

Nous prierons ainsi pour le repas :
« Merci Seigneur qui te livres pour notre nourriture sous le voile ténébreux des créatures terrestres. Fais que la digestion s’accomplisse en nous parfaitement, afin que nous recevions ta vie précieuse et que nous rejetions le poison de la mort. »

Nous prierons ainsi pour la communion :
« Merci Seigneur qui te donnes à nous pour notre salut sous le voile lumineux de la créature céleste. Fais que ta vie glorieuse resplendisse en nous pour toujours après avoir anéanti l’abomination du péché de mort qui nous maintient dans l’agonie de l’exil. »

(MR, XXXVII, 15 et 15’)

Ainsi l’homme surmonte la nourriture terrestre et la transforme en lui. Mais il est surmonté par la nourriture céleste qui le transforme en Dieu.

Il ne nous reste donc qu’à trouver le merveilleux Seigneur descendu du ciel qui a dit : « Mangez, ceci est ma chair ; buvez, ceci est mon sang ».

Car nous ne connaissons et nous ne recevons qu’en images dans ce monde obscurci par la mort, en préfiguration du grand jour du jugement où nous connaîtrons et où nous recevrons la réalité sainte et palpable.

Ainsi, comprenons-nous pourquoi il est dit que le Seigneur Dieu jugera les vivants et les morts, les vivants en premier et les morts ensuite ?

C’est un grand mystère que nous redisons ici à tous les croyants, car c’est le mystère de Dieu qui habite la pureté de la vie délivrée de la mort.

Ou bien à obtenir d’un prêtre secret de Dieu la communion de ce prodigieux Seigneur qui sauve de la mort.
« Ordre  de  Melchitsédeq. »

Dieu a cependant permis à quelques-uns de ses sages de le connaître dans ce monde et il a permis à quelques-uns de ses saints de le recevoir dès ici-bas comme étant les prémices de la résurrection annoncée à tous.

Car même la grâce du don de la vie dès ce monde, ne nous dispense pas du jugement ultime de Dieu très juste.

(MR, XXXVI, 26 à 29’)

24. LE FRUIT

La souche a refleuri, la fleur a donné son parfum et le fruit a mûri pesamment sans que nul s’en doute.
« Qui mangera le don de Dieu ? Et qui sera pénétré par sa splendeur ? » (MR, XXIII, 40)

N’avons-nous pas donné un fruit merveilleux, comme un bon arbre planté par le Seigneur dans la terre d’exil ?

Ceux qui mangeront de ce fruit retourneront dans le paradis de Dieu, et ils n’en ressortiront plus grâce à leur expérience de la mort.

(MR, XXXIV, 70 et 70’)

25. LE SALUT

Une fois encore, la promesse du salut est donnée aux exilés qui souffrent et qui prient Dieu pour leur délivrance.

Une fois encore, la porte du royaume est ouverte pour ceux qui ont soif de la vie pure et impérissable qui resplendit en Dieu.

(MR, XXXIV, 76 et 76’)

Ceux qui nous prêchent le ciel et qui s’enterrent dans les petitesses de ce monde, sont des hypocrites qui sèment la haine de Dieu dans le cœur des humains exilés, au lieu d’y faire fleurir son amour saint et parfait.

Le salut de Dieu n’est pas comme certains l’enseignent une éventualité éloignée et vague. C’est une réalité immédiate et palpable pour celui qui l’atteint ici-bas. Voilà ce que nous devons tous savoir.

N’ayons jamais honte d’abandonner une opinion limitée et vague pour adopter une idée plus précise et plus large du salut de Dieu, car ainsi nous nous ouvrirons et nous germerons en Dieu, au lieu de stagner et de nous décomposer dans le monde.

(MR, XXXIV, 78 à 78’’)

26. L’ACTUALITÉ DU SALUT

Les fidèles pieux entendent parler de la chose sous le voile des saintes Écritures, selon leur attention et selon leur entendement. Ceux-là sont auditeurs et promis au salut de Dieu.

Les élus de Dieu reçoivent la chose des mains des fils de Dieu, selon leurs prières et selon la pureté de leur vie. Ceuxlà sont dépositaires et conservateurs de Dieu.

Que chacun pratique la religion de ses pères ou celle de son choix et que chacun pénètre sa foi particulière avant de la confronter avec celle des autres.

Quelques bons enfants reçoivent parfois d’un fils de Dieu la chose cachée dans tous les temps, et ils la perfectionnent selon ses instructions.

Ceux-ci secourent leur prochain et ils rappellent dans le monde obscurci la voie sage et sainte qui sauve de la mort.

Ainsi il y a ceux qui entendent parler de la chose ou qui en voient les effets.

Puis il y a ceux qui reçoivent la chose et qui en usent selon les commandements de Dieu pour le bien des pauvres et des abandonnés.

Qui atteindra la connaissance de l’unique Splendeur ?

Les saints croyants de Dieu bénéficient de la chose grâce aux élus de Dieu, selon leur charité et selon leur fidélité. Ceux-là sont secourus et sauvés de Dieu.

Les fils de Dieu font la chose de leurs mains, selon la grâce et selon l’amour de Dieu, et ils la communiquent selon sa volonté sainte. Ceux-là sont connaisseurs et possesseurs de Dieu.

Ainsi pénétrant jusqu’au centre secret, chacun sera unifié dans l’unité de l’Unique et deviendra « Messager Retrouvé ».

Mais bien peu de sages enquêteurs obtiennent de Dieu la grâce de découvrir l’origine du chaos où se cache la sainte lumière de vie.

Ceux-là demeurent généralement cachés, se contentant de susciter des porte-lumière qui manifestent la vérité de Dieu dans le monde.

Ensuite il y a ceux qui bénéficient de la chose sans la connaître et sans la posséder.

Enfin il y a ceux qui connaissent la chose et qui la font, avec l’aide de Dieu, pour leur salut et pour celui des leurs.

Et qui sera unifié avec les Héloym dans l’unique Dieu ?

(MR, XXXV, 2 à 9’)

27. LA PIERRE

La foi, la simplicité et la sobriété nous conserveront en vie plus sûrement que la science, que le progrès et que l’abondance du monde profane qui va à  la  mort  sans  le  savoir.
« Recevrons-nous le don de Dieu avec intelligence ? »

Les savants et les intelligents nient l’évidence du miracle de Dieu, et les croyants orgueilleux le clouent dans le temps sans voir qu’il se renouvelle constamment sous leurs yeux d’aveugles.

Beaucoup ont été brisés à cause de l’impureté de leurs cœurs qui les a empêchés de reconnaître la pierre de fondation plantée en terre.

La pierre de fondement est une pierre cubique, et la pierre de faîte est une pierre pyramidale. Le saviez-vous ?

Nous vous donnons la pierre du couronnement qui achève l’édifice saint et sa lumière illuminera les nations, car la pierre de fondation est comme la pierre de faîte, et la pierre de faîte est comme la pierre de fondation dans l’unité de l’Un.

Le  maître  n’a-t-il  pas  dit :
« Celui qui tombera sur la pierre de fondement sera brisé, et celui sur qui la pierre de faîte tombera, elle l’écrasera » ?
L’entendons-nous  plus ?

Beaucoup seront écrasés par la pierre du faîte à cause de l’impureté de leurs yeux qui les empêchera de la voir tomber du ciel.

Nous n’avons rien ajouté et nous n’avons rien retranché. Le voyez-vous ?

(MR, XXVI, 47 à 50’)

28. LE LIVRE EST OFFERT AUX PEUPLES NOIRS

La pierre du fondement est la plus méprisée, parce qu’elle est obscure, mais c’est la plus précieuse, car toutes les autres sont cachées en elle.

Ainsi le peuple noir est le plus méprisé, mais c’est aussi le meilleur, car il fera briller tous les autres dans le Seigneur retrouvé.

(MR, XXVII, 11 et 11’)

Les blancs qui reçoivent le Livre sont héritiers en premier, mais ils ne sont supérieurs en rien aux noirs. Considérons-les tous comme des frères égaux dans l’amour de Dieu et recevons-les en toute affection, mais ne les mélangeons pas entre eux.

C’est parce que le Livre a été refusé par les bien-pensants que le Seigneur l’a offert aux simples. Remercions donc le Seigneur pour le don qu’il nous fait et remercions les bienpensants qui nous l’ont ainsi envoyé sans le savoir.

N’ayez pas honte de la couleur noire que Dieu a choisie pour vous, car c’est en celle-là que sont cachées toutes les autres. Ne savez-vous pas que la lumière est sortie des ténèbres au commencement, et qu’à la fin elle reposera dans la splendeur dorée ?

L’humour du Seigneur est grand et il moque les trop intelligents et les trop savants d’une façon inouïe.

Les peuples héritiers de la doctrine du ciel qui sont tombés dans l’orgueil l’ont tous expérimenté en leur temps.

(MR, XXVII, 17 à 18’)

À présent, il y aura une communauté noire héritière de la sainte pierre du fondement posée par l’oint de Dieu, car, pour la première fois, un Livre et un prophète sont donnés aux peuples des noirs en particulier, alors qu’auparavant, la révélation divine leur avait été offerte comme on jette un os aux chiens, afin de mieux leur passer le collier de l’esclavage. (MR, XXVII, 34)

29. QUI A ÉCRIT LE LIVRE ?

Nous ne sommes pas venu dans une famille riche, et nul ne nous a instruit des mystères de Dieu. Il nous a fallu découvrir tout seul les sages et saintes Écritures et il nous a fallu les étudier dans la pauvreté et dans l’abandon, afin que nul ne se croie oublié, quel que soit son état ici-bas.

Nous n’avons pas écrit le Livre dans la paix et dans la sécurité d’une sainte retraite. Nous l’avons écrit de bout en bout au milieu du cloaque en fermentation de la grande ville, afin que nul ne se croie abandonné, quelle que soit sa situation ici-bas.

(MR, XXVII, 57 et 57’)

Qui a écrit le Livre véritablement ?

Le même.

LVI.

Et qui le lit en vérité ?

Le même.

LVI.

(MR, XXXII, 11 à 13’)

Les défauts et les insuffisances du Livre doivent être imputés à notre faiblesse et à notre indigence excrémentielles, qui appartiennent au néant boueux.

Ainsi notre individualité temporelle ne doit-elle pas faire obstacle à quiconque, soit en le repoussant, soit en l’attirant.

Ne nous sommes-nous pas effacés afin de ne pas faire ombre à la lumière de Dieu ? Et n’avons-nous pas œuvré gratuitement ?

Nos maîtres ne sont-ils pas les vivants d’éternité ?

Les qualités et les beautés de l’ouvrage doivent être attribuées à notre lumière substantielle et à notre inspiration essentielle, qui appartiennent à Dieu.

Car la parole de Dieu et son salut comptent seuls en définitive, et seuls ils doivent faire l’objet de toutes nos pensées et de tous nos soins ici-bas.

Dans la pauvreté, dans la solitude et dans la réprobation du monde, pour la communauté de nos frères humains ?

Et notre maître n’est-il pas le Seigneur de la vie éternelle ?

 

(MR, XXXII, 1 à 4’)

30. DIEU

Dieu est comme un feu fixe et sec, caché dans un feu mouvant et humide.
Celui qui le découvre possède la maîtrise de la vie. (MR, IV, 48)

Dieu est comme l’eau qui rassemble les univers, et comme le feu qui les mûrit. (MR, X, 59’)

Dieu est comme un trésor enfoui dans la terre que nous foulons aux pieds et comme un secret caché dans la pluie qui tombe sur nos têtes. (MR, V, 21’)

Entre les deux faces de Dieu, il n’y a que la différence de la pierre à la pierre, mais l’une est obscure et l’autre brille magnifiquement. (MR, III, 61’)

À la gloire de Dieu (LVI : le feu secret qui suscite les univers, qui les entretient, et qui les consume) et pour le service des hommes qui liront avec les yeux de l’esprit et du cœur les signes inscrits dans la chair du monde. (MR, dédicace)

 

DIEU LE FEU !

DIEU LE VEUT !